Extrait de : André FEJES : Le théâtre naturaliste en France, pp30-31

« Le premier acte se passe au bal de l’Opéra. Au milieu de la cohue des masques vont et viennent deux frères : l’aîné, Pierre de Bréville, déjà mûri par l’expérience de la vie, promène partout son ennui et son scepticisme ; le cadet, Paul, un tout jeune homme, vient faire connaissance avec le monde, ou plutôt avec les femmes. Par hasard il rencontre Madame Maréchal, que son mari a conduite au bal comme à un spectacle, et dont Paul tombe aussitôt amoureux, quoiqu’elle soi masquée. A cause d’elle il se prend de querelle avec un inconnu ; un duel s’ensuit. 

Paul blessé grièvement est recueilli par hasard justement chez Monsieur Maréchal, à Ville-d’Avray, où nous transporte le deuxième acte. M. Maréchal, jadis pauvre ouvrier, est aujourd’hui fort riche et vit heureux avec sa femme et sa fille Henriette. Pendant quinze jours Paul est soigné dans leur maison de compagne, mais ce n’est qu’au moment du départ qu’il se trouve en présence de Mme de Maréchal : celle-ci reconnaît son amoureux du bal de l’Opéra, elle apprend avec émotion qu’il s’est battu pour elle, elle est déjà conquise par tant de dévouement et de poésie, car son mari n’est que la prose et le devoir. Ce sentiment naissant pourrait toujours rester secret, si Paul n’apprenait lui même que la dame masquée de l’Opéra n’est autre que Mme Maréchal, à laquelle il répète sa déclaration d’amour. Elle lui ordonne de partir : il s’évanouit ; elle lui donne alors un baiser, mais il reprend connaissance au même instant et lui tend les bras ; dès lors elle est perdue. 

Le troisième acte se passe à Trouville. Mme Maréchal, maintenant la maîtresse de Paul, vit dans une inquiétude continuelle que Pierre de Bréville porte à son comble en lui annonçant que sa passion coupable est connue de tous et de plus qu’Henriette aime Paul. Elle se sacrifiera pour sa fille et rompra sa liaison. Par malheur, la nuit venue, Paul pénètre dans sa chambre, toujours plus amoureux ; elle veut le chasser en vain ; Monsieur Maréchal, se défiant de quelque chose, accourt au bruit ; Henriette qui sait tout, fait fuir Paul par sa chambre et reçoit le coup de pistolet destiné à sa mère, expirant en disant : « C’était… mon amant… à moi… » »

 

extrait de : André FEJES : Le théâtre naturaliste en France, pp30-31