Gustave GEFFROY, Notes d'un Journaliste: vie, littérature, théâtre, Paris, Charpentier, 1887, 442 p. Gallica:  http://gallica2.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k840446 pp. 370-374

La Patrie en Danger est un drame historique. L'action va de 1789 à 1793, et nous montre dans des scènes rapides, très concentrées et très synthétiques, les diverses formes prises par la lutte entre Français. Le passé est représenté par la famille des Valjuzon: - la chanoinesse de Vajuzon, une inflexible faisant de son monarchisme un acte de foi, irrémédiablement fermée à toutes les idées en contradiction avec les chartes royales et les parchemins seigneuriaux, - le comte de Valjuzon, en lequel s'incarnent l'esprit et la joie de vivre des gentilshommes sceptiques du dix-huitième siècle, - Blanche de Valjuzon, une jeune fille, jouet des évènements, brisée par eux, sans avoir pu faire entendre, au-dessus de la tempête qui emporte tout, la voix d'amanteet de femme qui chante en elle, dans le plus profond de son cœur. En face de ce groupe, deux républicains: Perrin, le jeune chef d'armée né du péril national, et Bousssanel, l'ancien prêtre devenu le révolutionnaire inflexible. Perrin et Boussanel ont été, le premier recueilli et élevé par l famille de Valjuzon, le second professeur du comte comme le Cimourdain de Hugo a été professeur chez Lantenac. Il y a d'ailleurs plus d'un rapport entre Boussanel et Cimourdain, entre la Patrie en Danger et Quatre-vingt-treize. Même humanité, même vue d'ensemble. Mais le deame des Goncourt était imprimé avant le roman de Victor Hugo.

Les deux premiers actes de la Patrie en Danger se passent à Paris, l'un le 14 juillet 1789, l'autre dans la nuit du 9 au 10 août 1792; le troisième acte se passe à Verdun; le quatrième, dans un village près de Lyon, à la fin de l'insurrection lyonnaise; le cinquième à Paris dans le préau de Port-Libre. A travers tout cela, les personnages vont à des buts opposés, s'exaltant de plus en plus dans la lutte, se trouvant face à face aux moments décisifs. Perrin sauve les Valjuzon au 10 aout, les retrouve à Verdun poussant à la capitulation, les rencontre de nouveau à Lyon, puis dans un préau de prison; ils sont tirés de là le même jour, tous les Vajuzon, Perrin, Boussanel, les conspirateurs royalistes, les révolutionnaires suspectés, et marchant ensemble à la guillotine. A ce moment là seulement, Blanche parle et avoue son amour à Perrin. Tel est l'ossature, trop simplifié, de la Patrie en Danger.

 

Gustave GEFFROY, Notes d'un Journaliste: vie, littérature, théâtre, Paris, Charpentier, 1887, 442 p. Gallica:  http://gallica2.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k840446 pp. 370-374